Une fondation médiévale ?
La présence humaine est attestée sur le territoire de la commune au Néolithique par la découverte d'une fusaïole (anneau servant de poids pour le filage). Aucune autre trace d'occupation n'est antérieure au Moyen Age. Le principal indice concernant la naissance du village est sans doute son nom : il indique probablement qu'il s'agit d'un bourg neuf créé suite aux défrichements de la sylve d'Argenson dans la seconde moitié du Moyen Age. C'est le cas de nombreuses localités aux alentours dont le nom inclut « ville » : Villeneuve la Comtesse, Villenouvelle, La Villedieu, Villiers sur Chizé, Villiers en Bois, Villemorin, Belleville…
Au Moyen Age, la paroisse portait semble-t-il le nom de Villiers le Larron. En revanche, "couture" dérive-t-il de "terres cultivées" ou de la rivière Couture qui coule à proximité, en Deux-Sèvres (Couture d'Argenson).
L'église Saint-Hilaire remonte, pour ses parties les plus anciennes, au 12e siècle : il s'agit de l'édifice le plus ancien conservé sur la commune, et peut-être le témoin de la naissance du village. La nomination des curés appartenait à l'abbé de Saint-Cyprien de Poitiers. Un souterrain refuge, peut-être également médiéval, se trouve au village de La Touche. La localité appartenait à la province du Poitou et dépendait pour la plus grande partie de la seigneurie de Fontaine Chalendray. Quelques maisons relevaient du prieur de Senebières, lui-même vassal du seigneur de Fontaine.
La paroisse possédait 140 arpents (70 hectares) de forêt, où les habitants pouvaient, en vertu d'une transaction de 1406, prélever du bois mort et faire paître les troupeaux en retour de corvées pour le seigneur de Fontaine. Cet acte fut reconnu jusqu'en 1806, date à laquelle les communes de Villiers Couture et Romazières durent soutenir un procès sur l'usage de faire paître les animaux dans la forêt. La transaction de 1406 n'ayant pas été reconnue comme valable par les juges, les deux communes furent condamnées à payer les frais de procès.
On ignore tout des événements qui purent marquer la commune à cette époque. L'église porte la trace de mutilations mais s'agit-il de destructions liées aux guerres ? Le souterrain refuge de La Touche fut-il utilisé ?
Une activité intense aux 18e siècle et au début du 19e siècle
Au 18e siècle, la paroisse compte entre 300 et 400 habitants. On sait par la carte de Cassini qu'elle possédait un moulin à vent cité dès le 17e siècle (disparu, le moulin actuellement en ruine date du 19e siècle), un moulin à eau à proximité du logis de Bois Benet (commune de Chives), ainsi qu'une tuilerie en lisière de la forêt d'Aulnay.
En activité jusqu'au début du 20e siècle, cette tuilerie aurait possédé un grand four pour les tuiles et un four plus petit pour produire de la chaux. Le cadastre napoléonien de 1834 mentionne à cet emplacement un lieu-dit aujourd'hui disparu, Saint-Guinat. La tuilerie était la propriété de la famille Charroux, dont un membre fut le premier maire de Villiers Couture, puis d'un certain Brachet dont des briques et carreaux portent encore le nom.
Les registres paroissiaux indiquent qu'au 18e siècle la paroisse possédait un grand nombre d'artisans, chaudronnier, menuisier, cordonnier, maréchal, maçon, marchand, tailleur, tisserand, tonnelier, sabotier. Cette intense activité se retrouve en 1840 dans les descriptions de Gautier. Si les terres sont peu productives, on y cultive néanmoins "le froment, l'orge, la baillarge, le seigle, l'avoine, la garobe, le maïs et la pomme de terre". Mais le vin constitue la première production de la commune. Selon Gautier, les vins de la commune sont très estimés, surtout le vin blanc. La commune compte également carrières, tuilerie et fours à chaux et tire parti de l'exploitation des bois.
La Révolution rattache la commune de Villiers Couture au département de la Charente-Inférieure, au district de Saint-Jean d'Angély, et à un éphémère canton de Néré rapidement englobé dans celui d'Aulnay. La commune connait son apogée démographique durant la 1ère moitié du 19e siècle : elle compte près de 500 habitants en 1830.
Les grands changements du 19e siècle au 20e siècle
Le déclin démographique de Villiers Couture est précoce puisqu'il s'amorce dès le milieu du 19e siècle, avant même la crise du phylloxéra qui ravage le vignoble dans les années 1875. L'éloignement des villes et des grands axes en est très probablement la première cause. Le phylloxéra n'a fait qu'aggraver une situation déjà établie.
Aux 19e siècle et 20e siècles, la commune se modernise mais est contrainte par un budget limité, principalement dédié à l'entretien du réseau vicinal. Pendant longtemps, aucun grand projet de construction n'est à signaler : l'école est aménagée dans une ancienne ferme dans les années 1860, une petite mairie lui est annexée en 1890. Le cimetière, en plein coeur du bourg, ne sera déplacé qu'au début du 20e siècle. La commune reste à l'écart du chemin de fer qui passe à Néré, Les Eduts et Saleignes.
En un demi-siècle, Villiers Couture perd la moitié de ses habitants et ne compte plus que 230 âmes au début du 20e siècle. L'exode rural se poursuit malgré une très légère amélioration dans les années 1950. Le bouleversement de l´agriculture, dû à la mécanisation des travaux des champs, a fait disparaître les petites exploitations familiales qui maintenaient dans les villages bon nombre de personnes. Quelques exploitations demeurent néanmoins. La commune compte aujourd'hui environ 130 habitants, appelés les Villiérois ou Villésois.
La principale entreprise de Villiers Couture est aujourd'hui Sotrinbois (Société de Transformation Industrielle du Bois). Société créée en 1985 à la suite d'une petite entreprise familiale de 1947, aujourd'hui spécialisée dans la conception et la fabrication d'accessoires de finition et panneaux bois, elle possède des antennes à Chives et Pérignac et près de cent salariés. Le site de Villiers Couture abrite le siège social, le bureau d'études, l'atelier de fabrication de moulures et la plateforme logistique.