Cet ostensoir fut réalisé par l'orfèvre et bronzier d’art parisien Louis Bachelet (actif de 1844 à 1877), sur des dessins d'Eugène Viollet-le-Duc datés du 10 décembre 1856 (aujourd'hui conservés dans le fonds Poussielgue-Rusand à la Médiathèque de l'architecture et du Patrimoine à Paris, inv. n° 43395). Parmi les nombreux objets de ce type que Bachelet produisit en trente ans de carrière, on compte notamment un "soleil" spectaculaire offert au pape Pie IX en 1870. Celui de Saint-Sever, haut de près d’un mètre, se distingue par la richesse de son programme iconographique, que l'on retrouve (notamment le concert d'anges musiciens) avec quelques variantes sur un ostensoir conservé à l'église Saint-Louis-des-Chartrons à Bordeaux.
D'après une notice nécrologique parue en 1888, c'est la baronne de Toulouzette, née Marie-Élisabeth de Basquiat de Mugriet (1814-1888), qui aurait offert l'objet en 1874. Une inscription gravée sous la base mentionne cependant pour donateur son mari et cousin, le baron Benoît Joseph Marie Alphonse de Basquiat de Toulouzette (1808-1873). Sans doute un don de la baronne fait en mémoire de son mari (décédé le 7 juillet de l'année précédente), explique-il cette contradiction. Les pierres précieuses et les pierres fines qui ornent l'ostensoir proviennent de bijoux donnés par les Basquiat et par d'autres familles alliées. Le monogramme JB qui figure sur une chevalière sertie sur la tige pourrait être celui du baron de Toulouzette (dont le prénom usuel semble toutefois avoir été Alphonse plutôt que Joseph).
L'église possède plusieurs autres objets de Bachelet, un baiser de paix, un seau à eau bénite, un ciboire et une croix d'autel, peut-être acquis à une date voisine du don de l'ostensoir, qui constitue la pièce-maîtresse de l'ensemble.
Louis Charles Bachelet, orfèvre né à Paris le 8 septembre 1817 et mort dans la même ville le 4 novembre 1880 ; fils de Quentin Louis Bachelet et d'Adélaïde Le Proust ; marié à Paris, le 18 avril 1844, avec Thérèse Adèle Binant (Paris 3e, 5 mars 1824 - Paris, 27 août 1854), dont il eut deux enfants : Thérèse Louise Adèle (1846), mariée en 1866 avec Pierre Émile Nicolas ; Georges Théodore (1849-1902).
Actif à Paris (ateliers au 16, rue de Verneuil, magasins au 58, quai des Orfèvres), Bachelet collabora avec Viollet-le-Duc et Ruprich-Robert. Son poinçon, insculpé en janvier 1844, fut biffé le 17 janvier 1877. Sa production était diffusée par le biais d'un Recueil d'objets d'orfèvrerie à l'usage du culte, Paris, Quai des Orfèvres, 58. Entre 1880 et 1890, le fils de Bachelet vendit à Placide Poussielgue-Rusand le fonds et les modèles de l'atelier familial. Réf. : B. Berthod, G. Favier, É. Hardouin-Fugier, Dictionnaire des arts liturgiques du Moyen Âge à nos jours, Lyon, 2015, p. 102-103.