Une histoire à retrouver
On ignore hélas tout de l'histoire ancienne de cette petite paroisse des confins de la Saintonge et du Poitou (elle appartenait autrefois à cette dernière province et à la châtellenie de Néré). Le nom Les Eduts dériverait peut-être du terme "esduit", c'est-à-dire refuge en ancien français.
L'église Saint-Révérend, pour partie du 12e siècle, atteste de la présence d'une communauté villageoise au moins depuis cette période, mais aucun élément ne permet d'en dire plus. Les Eduts fut probablement de tout temps une modeste paroisse. Elle s'étendait toutefois jusqu'à la Révolution aux villages du Paradis et Chez Naudin, depuis rattachés à Néré. Aucune demeure d'importance n'est signalée, excepté peut-être quelques gentilhommières, à Bois Rond et au Plan, hameau aujourd'hui disparu qui se trouvait près de la limite communale avec Romazières.
L'histoire ne relate aucun événement marquant aux Eduts. En 1745, on signale la mort, à l'issue d'un duel, du sieur Gaudin du Plan. Sa demeure aurait ensuite été vendue et démolie. Autre famille de notables, les Pineau des Eduts étaient de père en fils, au 18e siècle, fermiers généraux de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély. On ignore toutefois où ils résidaient. On compte à la veille de la Révolution un peu plus de 200 habitants (en comptant ceux de Chez Naudin et du Paradis).
Au 18e siècle, l'activité économique est entièrement tournée vers l'agriculture. Un état de l'élection de Niort de 1715 indique que les terres y sont ingrates et produisent très peu de blé, un peu de vin, mais sont surtout dévolues à l'élevage des moutons. La carte de Cassini mentionne un moulin à vent au nord-est, près du bourg de Saleignes. Le nom du lieu-dit "sur le Moulin" en est l'unique vestige.
Avec le détachement des villages de Chez Naudin et du Paradis à la Révolution, il apparait que la petite commune des Eduts, pourtant proche du gros bourg de Néré, s'en trouve isolée du fait du mauvais état des chemins ("tant est difficile l'abord dudit Néré"). Ainsi, les habitants des deux villages se seraient opposés à ce détachement, en vain. La paroisse est alors également supprimée et le culte transféré à Néré, laissant la petite église à l'abandon.
Les Eduts aux 19e et 20e siècles
Les premières années du 19e siècle auraient été marquées par une apparition miraculeuse en 1806 : selon plusieurs auteurs, un ange serait apparu dans l'église et se serait adressé au sacristain venu sonner la cloche. Les habitants de la commune venus à la rescousse n'auraient trouvé que le flambeau surnaturel de l'ange déposé sur l'autel... Sans doute jugée douteuse, cette apparition semble n'avoir jamais été reconnue officiellement.
Pas de rupture semble-t-il au cours du 19e siècle pour la commune des Eduts. D'après Gautier, on y cultive le froment, l'avoine, la baillarge, la pomme de terre et le maïs ; de plus, le sol y est assez propice à la vigne. Il semble toutefois que la commune reste en marge de l'essor économique lié à la production des eaux-de-vie, si l'on en juge par la modestie des maisons et des dépendances. Aucune ancienne grande propriété viticole n'est à signaler.
L'évolution démographique se caractérise par un déclin continu tout au long du 19e siècle, passant de 150 habitants environ vers 1800, à une centaine vers 1900. L'impact de la crise du phylloxéra, si il a existé aux Eduts, ce qui resterait à démontrer, n'est pas visible.
La commune ne disposant que de peu de moyens, elle se consacre presque entièrement à l'entretien des routes et chemins. Il faut attendre 1883 pour voir la construction d'une école communale (aujourd'hui fermée) et d'une mairie, 1906 pour la translation du cimetière hors du bourg. Dans les années 1920, l'ancien cimetière est réaménagé en place publique. Le château d'eau est construit dans les années 1950.
Entre 1896 et 1950, le chemin de fer promet un second souffle à la région, et Les Eduts a la chance de se trouver sur le tracé de la ligne de Saint-Jean d'Angély à Civray. Une gare est construite à Néré puis un arrêt est aménagé au Paradis, à peu de distance du bourg des Eduts. Ceci pourrait expliquer un léger regain de population pour la commune au début du 20e siècle, mais qui ne dure pas. L'exode rural se poursuit jusqu'à nos jours. La commune des Eduts offre aujourd'hui ses vastes panoramas à une soixantaine d'habitants, appelés les Edutois, et figure parmi les communes les moins peuplées de Charente-Maritime. Le bourg et l'église ont récemment fait l'objet d'importants travaux d'embellissement.