I. Registre paroissial de Laluque, par l'abbé Pierre Lartigau, 1853-1882 (Archives diocésaines, Dax) :
[Renouvellement du mobilier de l’église] "Avant 1792, l’église était riche en ornemens (sic), en linges et en argenterie. Celle-ci fut volée, et le reste fut brûlé sur la place publique. Les deux autels furent détruits, chose très-regrettable pour le maître-autel de marbre qui avait été sacré sur place. Deux nouveaux autels furent construits en bois après 1801 ; celui du midi fut alors dédié à l’immaculée conception, tandis que précédemment il était dédié à Ste Barbe ; le maître-autel demeura dédié à St Jean Baptiste, comme il l’avait toujours été. En 1872 ces deux autels ont été mis de côté et remplacés par des autels en marbre, pour faire honneur aux deux nouvelles constructions du Nord et du Midi. Le bas-côté Nord a été dédié à l’immaculée conception de la Ste Vierge, pour qu’elle se trouvât à droite de Notre-Seigneur, Stetit regina a dextris tuis, et le bas-côté Sud a été dédié à son très-chaste époux St Joseph, patron de l’église universelle, en mémoire d’une guérison miraculeuse par sa puissante intercession, arrivée dans la paroisse an avril 1864, comme il est dit plus haut dans le présent registre."
[Maître-autel] "Maître-autel en marbre blanc d’Italie, donné par la commune en 1873, fait à Toulouse par M. Barreau (sic), marbrier de la métropole St-Étienne de cette ville, payé sur place... 2800 francs. / Frais de la pose... 200 francs. / La croix et les chandeliers donnés à la fabrique en 1876... 450 francs."
"Le nouveau conseil municipal a fait cadeau d’un maître-autel en marbre blanc qui a coûté 3000 francs. C’est ainsi qu’on a généreusement rendu à la fabrique les 2500 francs qu’elle lui avait donnés pour la reconstruction du bas-côté du midi. Le vandalisme de 1793 y avait détruit un autel de marbre qui avait été sacré par un évêque de Dax. Le conseil municipal de 1873 l’y a rendu, qu’un évêque d’Aire y a sacré également le 14 mars 1874."
II. Article extrait de : L’Écho religieux des Pyrénées et des Landes. Semaine religieuse des diocèses de Bayonne, Tarbes et Aire-Dax, 29 mars 1874.
"Consécration de l’église de Laluque / La paroisse de Laluque se souvient encore et se souviendra toujours de la belle fête de la translation des statues de la Sainte-Vierge et de St Joseph dans son église, le 4 janvier 1874. Mgr l’Evêque d’Aire et de Dax vient de lui en accorder une autre plus belle et plus magnifique encore. Sa Grandeur en tournée pastorale, le 16 mars, dans cette paroisse, pour récompenser le zèle inébranlable du pasteur à restaurer et à agrandir cette antique église, et aussi pour reconnaître la noble générosité des habitants à l’orner si richement, lui a accordé les honneurs insignes de la consécration épiscopale, non seulement du beau maître-autel, mais encore de l’église entière. / Arrivé la veille par le chemin de fer, Monseigneur, accueilli à la gare par M. le Maire et les autres notables de la commune, a été porté directement à l’église pour y faire la visite ordonnée par le Pontifical avant la consécration épiscopale. L’église était splendidement illuminée. [...] Sa Grandeur a hautement complimenté la paroisse, qui était là toute entière, fière de posséder quelques instants l’éminent premier Pasteur du diocèse, et lui a déclaré que très-volontiers, pour lui témoigner toute sa reconnaissance, elle consacrerait l’église entière le lendemain. [...] Le lendemain, la cérémonie de la consécration s’est accomplie solennellement. [...] / Sa Grandeur est venue chercher processionnellement les saintes reliques que quatre prêtres ont portées sur leurs épaules à l’autel consacré après avoir fait le tour de toute l’église. La grande et majestueuse cérémonie s’est enfin terminée par la célébration pontificale de la sainte Messe et par la consécration des enfants. [...] / Un assistant." [En réalité, l'abbé Lartigau lui-même]
III. Inventaire des biens dépendant de la fabrique, 24 février 1906 (AD Landes, 70 V 170/10) :
"33. Un maître-autel complet en marbre blanc, son marchepied en marbre rouge, scellé au sol. 1° Panneaux de devant avec colonnes. 2° Table d'autel. 3° Tabernacle et sa porte en métal bronze. 4° Retable et ses panneaux. 5° Exposition. Toutes ces pièces formant l'autel, le marchepied est de 3 gradins, long du ht en bas 3m s/ 1,50 long."
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Jean (baptisé Jean Baptiste) Barrau, "entrepreneur de marbrerie", né à Toulouse le 29 septembre 1830 et mort dans la même ville (au 16, Grande-Allée) le 18 mars 1895 ; fils du boulanger François Victor Barrau et de Pauline Lacroix, frère cadet de Pauline Barrau (épouse en 1845 du marbrier Jean Pierre Bergès) ; marié à Toulouse, le 26 novembre 1856, à Marie Louise Chaila (née à Toulouse le 27 décembre 1835), fille de Jean Benoît Louis Philibert Chaila, corroyeur, et de Françoise Eulalie Angélique Lary, dont il eut au moins deux fils, Louis et Jean. Le décès de Jean Barrau père fut déclaré en mairie par deux de ses ouvriers marbriers, Jean Jeannat (1841-?) et Jacques Jalbert (1840-?).
La "Grande Marbrerie Barrau", fondée à Toulouse en 1835 et localisée à la fin du XIXe siècle au 41, allée Saint-Étienne et au 16, Grande-Allée, était dirigée alors par Jean (-Baptiste) et par son fils cadet et homonyme ("Grande Marbrerie Barrau père et fils jeune"), après la rupture du père avec son fils aîné Louis, qu'il prit soin de notifier par voie de presse : "La maison a l'honneur de prévenir sa nombreuse clientèle qu'elle n'a aucun rapport avec M. Barrau fils aîné, dans laquelle ce dernier n'a travaillé qu'en qualité d'ouvrier. En conséquence, ladite maison Barrau père reste toujours comme par le passé à la disposition de ses clients, pour lesquels elle fera les travaux, comme par le passé, au mieux de leurs intérêts, et s'efforcera à conserver sa bonne et vieille réputation" (L'Express du Midi, 22 septembre 1894). Louis Barrau venait de fonder sa propre entreprise, la marbrerie Sainte-Jeanne-d'Arc (2, boulevard Carnot) ; il racheta plus tard la marbrerie concurrente Guiraud ("Marbreries Barrau & Guiraud réunies). A sa mort en mars 1926, son gendre Fernand Ruffat lui succéda.