"J.M.J. Rapport sur les sculptures de l'église de N.D. de Buglose - Juin 1855. / L'église actuelle de N.D. de Buglose aura 50m de longueur sur 20m70 de largeur et 18m de hauteur à l'extérieur. / A l'intérieur depuis le porche jusqu'au sanctuaire elle aura 47m50 de long. La grande nef aura 8m de largeur tandis que le chœur et l'absyde (sic) n'en aura (sic) que 7m. Les nefs latérales ont 5m25 chacune. L'élévation du chœur et de l'absyde, de la clé de voûte au pavé est de 16m. Celle de la nef sera de 17m et quelques centimètres. Le clocher aura près de 42m d'élévation.
Croisées. / La partie commencée est éclairée par onze croisées de 2m50 de haut sur 0m80 de large, ainsi réparties : 5 dans l'absyde, une à chaque pan coupé du pentagone. 4 dans le chœur. 2 dans la 1ère travée de l'église. Celles de l'absyde et du chœur sont seules sculptées, elle sont parallèles et l'ornementation est la même pour chaque croisée correspondante. / En voici le détail : / 1ère croisée au fond de l'absyde, la seule sans parallèle. Le tore porte des feuilles d'acanthe enroulées parallèlement, l'ébrasement est un ornement à palmettes variées. / 2de Le tore est une colonne torse autour de laquelle s'enroule un cordon dans toute la longueur, des palmettes en sens inverse encadrées par un cordon qui s'enroule autour d'elles en formant une S, décorent l'ébrasement. / La 3e porte sur son tore des chevrons brisés en zigzag, et sur son ébrasement des ronds plats de palmettes. / La 4e montre un tore orné de diamants taillés à facettes, encadrées (sic) dans un enroulement d'un double cordon plat. Un damier profondément refouillé orne l'ébrasement. / La 5e est une simple colonne torse sur le tore, et des étoiles unies sur l'ébrasement.
Chapiteaux. / Les 4 grands chapiteaux des arcs-doubleaux du chœur et de l'absyde sont historiques. ils représentent les principales phases de l'histoire de la Ste et miraculeuse statue. / Le 1er de l'entrée du chœur à gauche porte la découverte de la Ste statue. / En face, cette Ste statue dont la tête apparaît au dessus des joncs et des broussailles. A gauche sur un marbre le petit pâtre, avec le costume antique de l'époque, et qui regarde avec étonnement le bœuf léchant la Ste statue. Au côté opposé sont sculptés des arbres et un bœuf qui pacage. Sur le tailloir on lit cette inscription - INVENTIO. VEN. STATVÆ. B. M. V. A/ BOVE. ET. PASTORE. ANNO 1620. / Le 2e chapiteau à droite porte la reconnaissance de la statue. En face, la Ste statue. A côté, le prêtre, curé de Pouy, les bras levés dans l'attitude de l'admiration et de la joie. A ses pieds se trouve une femme montrant la Ste image à un enfant qu'elle tient entre ses bras. Des deux côtés du chapiteau on voit un homme tenant une pelle à la main. Sur le tailloir on lit encore : AGNITIO. VEN. STATVÆ. B. M. V. AD. DUSSIN. RECTORE. POVY. 1620. / Le 3e à droite à l'entrée de l'absyde représente la inauguration (sic) solennelle de la vieille chapelle. On y voit sur ce chapiteau 12 personnages, Mgr l’Évêque de Dax précédé de la croix pastorale et ses porte-insignes, suivi de ses chanoines et du marquis de Poyanne. Sur le côté opposé est représentée la façade sud de la vieille église. Le tailloir porte l'inscription : SOLEMNIS BENEDICTIO ECCLESIÆ B. M. V. A. RR. ET ILL. DD. J.J. DVFAVLT. AQVENSI EP.C.PO. FERIA 2.A. PENTECOSTES 1622. / Enfin le 4ème représente les guérisons et grâces obtenues à Buglose : c'est N.D. des Miracles. En face la Ste statue couronnée. Et dans tout le développement du chapiteau se trouvent 20 personnages qu'on distingue parfaitement même à l'œil nu. Ce sont un moine s'appuyant sur une béquille, une femme tenant un enfant sur son bras, deux hommes qui soutiennent un infirme à genoux, un groupe d'enfants, un autre qui présente un cierge allumé, à l'angle un miraculé qui laisse tomber ses béquilles et qui tend ses mains vers la statue, en signe de reconnaissance. Sur le tailloir on lit ces mots : REFVGIVM PECCATORVM. SALVS INFIRMORVM. ORA PRO NOBIS.
Chapiteaux de l'absyde et du chœur. / 1° En face sur le trumeau du fond se voient des chapiteaux symboliques. A droite, du côté de l'Épître, le grain de sénevé. C'est une église élevant dans les airs ses tourelles et son clocher. Du milieu, s'élève l'arbuste étendant de tout côté ses rameaux à l'ombre desquels viennent se reposer les oiseaux du ciel. / 2° A gauche. Une croix du pied de laquelle sortent deux gerbes d'épis de froment et une vigne qui étend à droite et à gauche ses branches chargées de fruits. / 3° Le 3e est un chapiteau d'art roman. Il est coupé au milieu par une couronne simulant deux chapiteaux superposés. Il est un peu de fantaisie. / 4° Le 4e est roman pur. C'est le beau chapiteau roman avec ses feuilles d'acanthe et ses volutes caractéristiques. / 5° et 6° Dans les deux chapiteaux qui surmontent les colonnettes engagées du grand arc-doubleau de l'absyde, on voit des rinceaux et une petite feuille couronnées (sic).
Demi-colonnettes du chœur. / Le chapiteau de la colonnette sud porte le couronnement de la Ste Vierge par les anges. Sur le tailloir sont ces mots : VENI. DE. LIBANO. CORONABERIS. Le socle du culot est orné d'oves et de rosettes. Le soubassement est un pentagone portant sur chacune de ses facettes une rosette plate, le monogramme de Marie, une couronne de roses, le id. [monogramme] de J[ésus] Ch[rist]. Un ange est sculpté dans le fond, il tient dans ses mains un écusson représentant Marie-Immaculée ou la médaille miraculeuse. / La colonnette Nord porte les 3 vertus théologales, ainsi qu'on le lit sur le tailloir : SPES - FIDES - CHARITAS. L'Espérance tient ses mains appuyées sur une ancre et regarde le ciel. La foi se montre élevant de la main droite un calice surmonté de l'hostie, et sa main gauche s'appuie [sur] une croix qu'elle tient devant elle. La Charité est entourée d'un groupe d'enfants. Des oves décorent encore le socle. Et le pentagone du soubassement porte les insignes épiscopales (sic) surmontées d'une banderolle (sic) portant pour devise : AMORE LEVIVS. L'ange en support porte un écusson qui renferme les armoiries de feu Mgr Dominique-Marie Salvy, Évêq[ue] d'Aire : sur un champ d'azur est une croix d'argent entourée de flammes et reposant sur un joug d'argent.
Les chapiteaux de la 1ère travée sont tous symboliques. Ceux qui surmontent les colonnettes engagées aux grands piliers du chœur regardent la Ste Vierge et représentent, celui du nord : la tour de David : TVRRIS DAVIDICA ; celui du sud, l'Arche d'alliance : FŒDERIS ARCA. Ceux qui surmontent les demi-colonnes engagées dans les grands piliers ont trait à N.S. [Notre Seigneur]. Au nord : le sacrifice. L'Agneau portant la la croix est couché sur le livre scellé des sept sceaux ; il verse son sang pour purifier le monde représenté par un globe. De chaque côté se trouve un ange adorateur. Dans le culot est sculpté un ange tenant un écusson qui porte un Pélican, symbole de l'amour. C'est à ce pilier que sera adossée la chaire. En face, au sud : Jésus Bon Pasteur au milieu de ses brebis. Il en porte une sur ses épaules divines qu'il ramène au bercail. L'inscription du tailloir le désigne : EGO SVM PASTOR BONVS. L'ange en support porte aussi un écusson où se trouvent groupés et réunis tous les instruments de la Passion. C'est là que sera ou peint ou sculpté le Christ en face de la chaire.
Chapiteaux des chapelles latérales. / Chapelle Nord dédiée à St Vincent de Paul. A droite en entrant et en suivant - 1° feuilles et palmettes. 2° feuilles contournées et rinceaux perlés. 3° double rangée de palmettes diverses en sens opposé. 4° feuilles et lance (?). 5° rinceaux courants et entrelacs renfermant des rosettes. 6° oiseaux gros-becs se battant contre des serpents. 7° feuilles d'acanthe de différentes grandeurs. 8° sous deux palmettes, deux oiseaux qui bécquettent (sic) une grappe de fuit. 9° massif de liserons dont les tiges et les feuilles sont découpées à jour. 10° feuilles de choux et d'acanthe. / Chapelle sud dédiée à St Joseph et à Ste Magdeleine. En commençant par la gauche. 1° feuilles de liserons et palmettes. 2° tête de diable tirant la langue à un saint couronné qui est en vis-à-vis ; de ses narines partent des rinceaux qui se terminent en bouquet de feuilles. 3° larges feuilles de liseron et d'acanthe. 4° feuilles plates surmontées d'un rinceau contourné. 5° feuilles de choux réunies par un anneau et entremêlées d'autres différentes feuilles plus refouillées. 6° rinceaux terminés par un bouquet de feuilles. 7° large feuille romane primitive. 8° tête de saint couronné au milieu de deux palmettes. 9° feuilles d'acanthe renversées entourant une grande feuille plate. 10° une palmette entourée de branchage portant des grappes de fruits. / La rosace se compose également de six colonnettes plus grandes que celles de la rosace nord, à chapiteaux variés, avec six têtes de choux portant des feuilles d'acanthe et des graines.
Arcs-doubleaux. / Celui de l'absyde est décorée (sic) d'une arabesque à dessins variés séparés par un faisceau de 4 petites baguettes liées de distance en distance. Celui du chœur représente un gros branchage à grandes feuilles, dans les enroulements duquel se trouvent une grue, un ours, un gros-bec becquettant (sic) une grappe de raisin, une biche et un aigle.
Clés de voûte. / La 1/2 clé de l'absyde est un rinceau contourné se terminant par des feuilles d'acanthe. / La 1ère du chœur porte une couronne de roses et de lys, au milieu se trouve le monogramme de la T. Ste V[ierge] MA. / La 2e représente les armoiries de Mgr Lannéluc évêque actuel d'Aire, portant sur un champ d'azur un pélican et une colombe d'argent, et sur un champ de gueules une tour et un serpent d'or : symbôles (sic) des vertus : l'amour, la force, la prudence et la simplicité.
L'ornementation de la frise est très variée. C'est une branche de vigne avec ses feuilles et ses raisins. C'est une large feuille plate et le trèfle roman d'un bien bel effet. Ce sont des rinceaux courants terminés par des palmettes portant des grappes de fruits, et enfin des palmettes entrelacées, séparées par une large feuille plate. / Les moulures sont ornées de dessins courants et d'oves dans l'absyde, et dans le chœur de rinceaux, de palmettes et de diamants à facettes."
Prénom usuel : Jules. Né à Nancy le 1er mai 1822, mort à Paris 8e le 4 décembre 1881. Élève de Labrouste, beau-frère de Dupuy, chef de division au ministère de l'Intérieur ; agent en chef, puis architecte du département des Landes jusqu'en 1859 (remplacé par Alexandre Ozanne) ; architecte diocésain d'Aire-sur-l'Adour à partir du 15 mai 1849 ; démissionne pour raison de santé le 26 octobre 1880 et accède à l'honorariat le 1er novembre suivant (J.-M. Leniaud, Répertoire des architectes diocésains du XIXe siècle). Fils de Claude François Sibien (1787-1840) et de Marguerite Bonheur (1793-1857), il épousa à Paris, le 3 mars 1851, Marie Léonie Deforge (1830-1882), dont il eut trois enfants. Il était le frère cadet de Nicolas François Louis Joseph Sibien (1814-1860), deuxième Prix de Rome d'architecture, architecte agent-voyer en chef du département des Landes, dont la fille Joséphine (1842-1896) épousa à Mont-de-Marsan en 1861 l'architecte landais Urbain Dupouy (1830-1890). Leur fils Jules-François Dupouy (1863-1893), petit-neveu de Jules Sibien, fut en 1890 le successeur d'Érasme Maumen comme architecte départemental des Landes.