La vitrerie de l'église de Boulin est hétérogène dans sa facture et dans ses types (verrière à personnage, symbolique, décorative, géométrique). Si une seule verrière porte une date et deux seulement une signature, les archives de la paroisse apportent quelques renseignements qui permettent de compléter l'historique de l'ensemble. Les comptes de la fabrique font état de paiements effectués en septembre 1871 pour "l'ouverture des deux croisées de St Laurent et St Jean", c'est à dire les baies axiales du chœur et de la chapelle nord. Le même mois, le peintre Léonard Fortuné (auteur de nombreux décors dans les églises chalossaises) perçoit la somme de 400 francs "pour les 4 vitraux [de] St Laurent, St Jean-Bapt[iste], St Pierre, St Joseph". La signature apposée au bas du Saint Jean-Baptiste révèle toutefois que Fortuné ne servait en l'occurrence que d'intermédiaire, l'auteur véritable étant le Toulousain Louis-Victor Gesta (1828-1894).
Les verrières des deux bas-côtés présentent une hétérogénéité plus grande, due en partie aux vicissitudes subies par l'ensemble au début du XXe siècle. La verrière 6 (une représentation assez précoce de Notre-Dame de Lourdes) est datée 1872 et signée du verrier, alors bayonnais, Gustave-Pierre Dagrand (1839-1915), qui vitra peut-être aussi les trois autres baies du collatéral sud. Les verrières de celles-ci, détruites lors d'un orage en août 1915 furent remplacées vers le mois de février 1916, si on en croit un devis approuvé par le conseil municipal à cette date : il s'agit peut-être des actuelles vitres géométriques en verre américain (non étudiées). Quant aux trois verrières anépigraphes et hétérogènes du collatéral nord, elles semblent revenir à un ou deux verriers, dont l'un pourrait être encore Dagrand.
Né Victor-Louis Fabre à Toulouse le 26 septembre 1828 et mort dans la même ville le 6 septembre 1894, fils naturel d'Antoinette Françoise Fabre, il prend après le mariage de sa mère en 1835 le nom de son beau-père Jean Pierre Gesta, fondeur de caractères. Peintre-verrier à Toulouse (rue du Faubourg-Arnaud-Bernard), où il fonda la manufacture familiale en 1852. Marié en premières noces, à Toulouse le 22 juin 1859, avec Joséphine Marie Naves (1838-1873), puis en secondes noces, à Toulouse le 25 avril 1875, à Marie Louise Deljougla (1847-1886), il eut cinq enfants du premier lit : Jeanne Marie Louise Philomène (1861), Gabriel Louis Henri Francois (1862-après 1910), Henri Louis Victor (1864-1938), Louis Jean Joseph Henri (1866-1938) et Jean Pierre Francois Antoine (1868-1868). Les trois fils survivants furent peintres-verriers.