L'historique de ces deux autels, installés en pendant dans le transept de l'église, est détaillé dans le registre paroissial tenu par le curé doyen Pierre-Adolphe Bourrus en 1867. L'autel du Sacré-Cœur fut offert par la famille Hiard, notables mugronnais qui devaient donner peu après un maire à la commune (de 1870 à 1882) en la personne de Léon Hiard ; sa mère Adèle Cazeaux-Hiard (1797-1888) avait parrainé l'une des cloches de l'église en 1863 (réf. IM40005990). L'autel de saint Vincent de Paul ("ce saint qui nous appartient à nous avant d'appartenir à la France" selon les termes de l'abbé Bourrus) fut acquis aux frais du juge de paix Édouard Batistant, président du bureau des marguilliers de l'église. Les deux meubles furent choisis, non par leurs donateurs, mais par Blanche d'Antin-Domenger (veuve du bâtisseur de l'église Bernard-Roch Domenger), qui les acheta à Toulouse auprès du marbrier Jean-Pierre Bergès (27, allées Saint-Étienne), auteur de plusieurs autels néo-baroques dans la région toulousaine (Faudoas, 1857, Beaumont-de-Lomagne, 1857, Esparsac, 1863, Salles, 1865, etc.). Les deux autels furent installés en juin 1867. Chacun des retables fut pourvu la même année d'une statue du saint titulaire, celle de saint Vincent de Paul acquise par Mme de Lacoste de Tingon, née Joséphine du Lion de Campet (qui la paya 300 francs), celle du Sacré-Cœur par Mme Domenger elle-même, qui l'acheta auprès du fabricant messin Charles-François Champigneulle (1820-1882), lequel devait se tourner dès l'année suivante vers la production de vitrail. Les deux femmes avaient acquis conjointement l'autel de la Vierge (réf. IM40005887) l'année précédente. L'autel du Sacré-Cœur fut réparé et "embelli" aux frais de la confrérie du saint-Sacrement en 1873.
Comme le rappelle le curé Bourrus, une confrérie du Sacré-Cœur avait été établie dans l'ancienne église de Mugron dès 1810 par un indult du cardinal Caprara, légat a latere auprès de Napoléon. Un premier autel, installé par le curé Jean-Baptiste Marsan la même année, fut remplacé dès 1829, à l'initiative de son successeur Jean-Pierre Liquet, par un autel "beaucoup plus beau que le premier". Aucun de ces deux meubles ne paraît avoir subsisté, pas plus qu'un premier autel dédié à saint Vincent de Paul, érigé dans l'église en 1839 aux frais de Bernard-Roch Domenger.
Marbrier et fabricant de mobilier religieux à Toulouse (27 et 29, allées Saint-Étienne). Né à Toulouse le 14 avril 1823 et mort dans la même ville le 28 janvier 1885, fils du cordonnier Arnaud Bergès et de Jeanne Lavigne (1794-1862), il épousa à Toulouse, le 2 avril 1845, Pauline Barrau (1825-ap. 1885), sœur aînée du marbrier toulousain Jean Baptiste Barrau père. Oeuvres connues de Jean-Pierre Bergès : autels à Faudoas (1857), Beaumont-de-Lomagne (1857), Esparsac et Auterive (1863), Salles (1865), Boutx (1866) et Mugron (1867). L'atelier continua son activité après sa mort (autel de Mirambeau, 1888-1889).