De ces deux ensembles jumeaux, seul l'autel de saint Joseph porte la date 1844 et la signature "Spazzi". Celle-ci désigne les frères Alexandre (1803-1859) et Louis Spazzi (1809-1881), stucateurs et marbriers d'origine comasque installés à Saint-Sever, respectivement en 1827 et en 1835. Les deux frères restèrent associés jusqu'en 1852, date à laquelle Louis s'établit à son compte en collaboration avec Jacques Galimberti - toutefois, chacun signait dès 1850 ses propres productions, ainsi Alexandre le maître-autel de Montgaillard et Louis l'autel de la Vierge dans la même église. En 1844, l'année de l'installation des autels d'Urgons, l'entreprise Spazzi fournissait le maître-autel de l'église de Bahus-Juzan, à une douzaine de kilomètres d'Urgons.
Pour une raison inexpliquée - les deux meubles ont à l'évidence été conçus pour leur emplacement actuel et n'ont jamais été déplacés - l'inventaire établi en mars 1906 après la loi de Séparation ne mentionne qu'un "autel de St Joseph en bois" et un "autel de la Vierge en bois" : inadvertance ou simple imprécision imputable à l'agent des Domaines, Guéraçague ? Les statues de saint Joseph et de la Vierge de Lourdes, en revanche, figurent clairement à l'inventaire sous les n° 34 et 37 comme des dons de "madame veuve Lafoun". Ces sculptures de série avaient probablement remplacé dans la niche des retables les deux statues plus anciennes de saint Joseph et de l'Immaculée Conception, aujourd'hui déplacées respectivement à la sacristie et dans la niche des fonts baptismaux. La seconde, œuvre du sculpteur auscitain Degers, est précisément datée de 1844, l'année même de l'installation des autels des Spazzi. Il est possible toutefois que l'autel nord ait été primitivement dédié au Sacré-Cœur, comme le suggère l'iconographie du tombeau et de la porte de son tabernacle.
Stucateur et marbrier d'origine italienne, né (Alessandro Spazzi) à San Giorgio, Pellio Superiore (province de Côme), le 3 août 1803, de Domenico (ou Carlo) Spazzi et de Maddalena Peduzzi. Installé à Saint-Sever (Landes) en 1827, épouse à Mont-de-Marsan, le 4 janvier 1835, Anne Saint-Grière (Mont-de-Marsan, 9 août 1812 - Hagetmau, 24 novembre 1880), fille du boulanger François Saint-Grière et d'Anne Cazaubon ; dont cinq enfants, parmi lesquels Charles Spazzi (1839-1917), à son tour marbrier et stucateur. Alexandre, mort à Saint-Sever le 22 juillet 1859, fut associé à son frère cadet Louis Spazzi (1809-1881) apparemment de 1835 à 1852, date à laquelle le cadet a déjà fondé son propre atelier. Sources : AC Saint-Sever (recherches et communication par l'abbé Dominique Bop).
Un encart publicitaire paru dans le journal local en 1856, orné d'une gravure de cippe funéraire, porte le texte suivant : "Avis au public. Le sieur ALEXANDRE SPAZZI aîné, sculpteur et décorateur d'églises, a l'honneur de faire savoir au public qu'il se charge de tout ce qui a rapport à sa profession, à des prix extrêmement modérés, et bien au-dessus (sic !) de ceux payés jusqu'à présent. / Il se charge de fournir des pierres tumulaires ou tombes, soit en belle pierre du Gave ou en marbre, et d'y faire graver les inscriptions à 12 centimes 1/2 la lettre en noir, ou 15 centimes la lettre dorée. / Ses rapports journaliers et continuels avec les principaux marbriers connus, le mettent à même d'offrir tout ce qui concerne cette partie, comme tables rondes, chambranles de cheminées, consoles, dessus de commodes, etc. à des prix très-modiques. / Le sieur ALEXANDRE SPAZZI est le premier introducteur de l'art qu'il professe dans le département des Landes et les départements Pyrénéens ; il est le fondateur des premiers monuments funéraires qui ont été élevés au cimetière, et à ce titre il espère que la confiance qu'on lui a toujours accordée lui sera maintenue. / Il se charge encore de construire des voûtes en briques de champ, dans les formes et styles qu'on le désirera, et offrant toutes les garanties de la plus grande solidité. / Le sieur SPAZZI fait et reproduit en plâtre les traits des personnes décédées. Si on lui demande une tombe, la figure du défunt sera donnée gratis. / Il sculpte aussi, sur place, des statues de toute forme et de toute grandeur. / Il demeure rue du Belloc, à St-Sever (Landes)."