Cette série de verrières fut installée en 1897 par le Bordelais Gustave-Pierre Dagrant (1839-1915), entre deux campagnes de vitrerie du déambulatoire (1894-1898, réf. IM40004433). Des dessins annotés conservés dans le fonds Dagrant mentionnent la date précise de la pose : février 1897 pour les verrières 14 et 16, mai suivant pour les baies 18 et 20. Les archives révèlent par ailleurs que Dagrant avait prévu de vitrer également le collatéral nord, mais cette commande devait finalement lui échapper au profit de Félix Gaudin (réf. IM40004435).
Au contraire de la plupart des autres ensembles vitrés de la cathédrale, la série offre un programme iconographique homogène axé sur le thème des saints anges, messagers célestes, laudateurs de la divinité et protecteurs des hommes. Les compositions sont probablement inspirées, à des degrés divers, de sources gravées : la figure de saint Michel (baie 14) reproduit par exemple une célèbre toile de Guido Reni (1635, Rome, église Santa Maria della Concezione dei Cappuccini). Le Bon Pasteur, inspiré d'une composition du peintre nazaréen Edward von Steinle (1810-1886) gravée, entre autres, par Karl Kappes (1821-1857), se retrouve par ailleurs à Pontonx-sur-l'Adour en 1913 et, dans un style "médiévalisé", à l'église de pèlerinage Notre-Dame de Maylis. L'Annonciation correspond à une vignette anépigraphe conservée dans le recueil de modèles utilisé par le verrier (fonds Dagrant, Archives départementales de la Gironde).
Le thème de l'Annonciation avait déjà été traité en 1873 par E.-S. Oudinot pour une verrière du bras sud du transept (réf. IM40004439), preuve supplémentaire du défaut de cohérence iconographique du programme vitré de la cathédrale.
Peintre-verrier né à Bordeaux (51, chemin du Sablonnat) le 15 septembre 1839 et mort dans la même ville le 21 septembre 1915 ; fils de Jean Dagrant, plâtrier, et de Jeanne Sallette ; marié à Bordeaux, le 3 octobre 1863, à Jeanne-Eugénie Chartier, sœur de Jean-Georges Chartier, peintre-verrier. Il en eut sept enfants, dont trois peintres-verriers qui lui succédèrent, Maurice (1870-1951), Charles (1876-1938) et Victor (1879-1925), et une fille qui épousa Albert Borel, son principal collaborateur. Né Pierre-Gustave Dagrant, le verrier changea son nom en Gustave-Pierre Dagrand entre 1864 et 1889, avant de reprendre, par jugement du tribunal de première instance de Bordeaux du 19 juillet 1889, son nom d'origine avec la graphie Dagrant. D'abord actif à Bayonne (où ses parents possédaient une propriété), il y fonde un premier atelier en 1864, puis crée en 1873-1874 un second atelier à Bordeaux (7, cours Saint-Jean, actuel cours de la Marne), ville où il s'installe définitivement par la suite.