Ces deux verrières du Bordelais Gustave-Pierre Dagrant (1839-1915), à la composition et au décor identiques, ont toutefois été installées à deux époques différentes de sa carrière : la Sainte Famille dans l'atelier en 1874 pendant sa période bayonnaise, la Visitation en 1900, après son installation à Bordeaux. La première fut offerte, un an après la pose des trois verrières d'Oudinot, par Marie Froment née Cadrey (1818-1900), membre d'une famille de notables dacquois (dont la chapelle funéraire est au cimetière Saint-Pierre). La seconde est documentée par un croquis préparatoire et par la correspondance conservés dans le fonds Dagrant : destinée à remplacer "la seule [fenêtre] dans cette partie du transept qui a des losanges blancs", elle fut commandée le 14 mars 1900, pour la somme de 1000 francs, par l'archiprêtre H. Collonge - qui contesta d'ailleurs la pertinence iconographique du modèle proposé et obtint les modifications demandées (voir annexe) -, fut installée au mois de mai suivant et payée en juin par le trésorier de la fabrique, Paul Darrigan (1843-1913). Nota bene qu'une Société de Notre-Dame de la Visitation avait été fondée dans la cathédrale dès 1874.
Le carton de la Sainte Famille dans l'atelier, inspiré d'une lithographie de Xaver Steifensand d'après Friedrich Overbeck, utilisé par Dagrand/t dès 1866 à Capbreton, le sera à nouveau à l'abbatiale Saint-Sever en 1875 (verrière détruite vers 1995), à Saugnacq-et-Muret en 1880 (réf. IM40001694), à l'église Saint-Pierre de Brocas (Montaut) en 1881, etc. - et, hors des Landes, à Castelnaud-de-Gratecambe et Brugnac (Lot-et-Garonne), respectivement en 1875 et 1881.
Endommagées par la tempête Klaus de janvier 2009, les deux verrières dacquoises ont été restaurées l'année suivante par Brigitte Nogaro, maître-verrier à Saint-Paul-lès-Dax.
Peintre-verrier né à Bordeaux (51, chemin du Sablonnat) le 15 septembre 1839 et mort dans la même ville le 21 septembre 1915 ; fils de Jean Dagrant, plâtrier, et de Jeanne Sallette ; marié à Bordeaux, le 3 octobre 1863, à Jeanne-Eugénie Chartier, sœur de Jean-Georges Chartier, peintre-verrier. Il en eut sept enfants, dont trois peintres-verriers qui lui succédèrent, Maurice (1870-1951), Charles (1876-1938) et Victor (1879-1925), et une fille qui épousa Albert Borel, son principal collaborateur. Né Pierre-Gustave Dagrant, le verrier changea son nom en Gustave-Pierre Dagrand entre 1864 et 1889, avant de reprendre, par jugement du tribunal de première instance de Bordeaux du 19 juillet 1889, son nom d'origine avec la graphie Dagrant. D'abord actif à Bayonne (où ses parents possédaient une propriété), il y fonde un premier atelier en 1864, puis crée en 1873-1874 un second atelier à Bordeaux (7, cours Saint-Jean, actuel cours de la Marne), ville où il s'installe définitivement par la suite.