L'histoire campanaire des trois églises de la commune de Doazit a été retracée par Philippe Dubedout à partir des registres de la fabrique paroissiale. Plusieurs cloches se sont succédé à Saint-Jean d'Aulès, siège de l'archiprêtré de Chalosse jusqu'à la Révolution. Les premières dont on ait connaissance furent "rompues et portées en Béarn par les gens du sieur de Montamar", capitaine huguenot, après le sac de l'église en 1569. Une cloche est fondue en 1649 par le fondeur bayonnais Louis de Labeyrie ; une autre, nommée Jeanne, est bénite le 23 juin 1704 ; une troisième est fondue ou refondue en 1773. Les trois instruments sont réquisitionnés en 1793, laissant le clocher vide. Il faut attendre 1819 pour que la municipalité s'occupe de leur remplacement. Le succès d'une "quête publique" permet de signer le 18 avril 1819 un traité avec les fondeurs d'origine lorraine François Victor Decharme (Breuvannes 1792 - Breuvannes 1875) et Monin, associés pour l'occasion. Le contrat prévoit la fonte de deux cloches pour l'église Notre-Dame du bourg (réf. IM40005610) et de deux autres destinées respectivement aux annexes d'Aulès et du Mus (réf. IM40005662). Les quatre cloches sont coulées le 3 juin et celle d'Aulès (d'un poids de 255 livres) installée dans le clocher un mois plus tard. En 1875, on transfère aussi à Aulès la plus petite des deux cloches fondues pour le bourg en 1819 (d'un poids de 301 livres) : il s'agit donc de la plus grande des deux cloches ici étudiées. Les mêmes fondeurs devaient aussi fournir une cloche à l'église voisine d'Hauriet au cours de la même année 1819.
La première cloche fut parrainée par le maire Jean Dagès et par sa fille Pauline, future bienfaitrice de la commune et protectrice de l'école des Filles de la Croix en 1897. La seconde, destinée dès l'origine à Aulès, eut pour parrains Jean Broca-Perras, président du tribunal de Mont-de-Marsan, et son épouse Marie-Henriette Baffoigne, dont le fils Victor (1806-1883) devait devenir maire de Doazit et conseiller général de Mugron et acheter en 1838 le château de Candale au Mus.
Fondeur lorrain, né et mort à Breuvannes (Haute-Marne), installé à Mont-de-Marsan, travailla à plusieurs reprises en association avec son beau-frère et élève Jean-Baptiste Perret, avec Jean-Baptiste Naverdet et Monin. Prénom usuel : Victor. En 1826, "Decharmes (sic), fondeur de cloches", vend à Jean-Antoine Huot de Goncourt, grand-père des frères Goncourt, une maison à Breuvannes, "la dernière du village", revendue dès 1835 à Charles Gérard et Sébastien Miellot, fabricants de limes (Edmond et Jules de Goncourt, Journal, coll. Bouquins, tome 1, p. 288).