L'ensemble de la vitrerie, hétérogène au point de vue des types de composition (verrière-tableau, verrière à personnage, symbolique, décorative), semble toutefois l’œuvre d'un seul atelier, celui du verrier Gustave-Pierre Dagrand puis Dagrant (1839-1915). Les deux verrières mariales du chœur, offertes en 1872 par Adrien Lapeyre, portent le monogramme de Dagrand et datent donc de sa période bayonnaise. Aucune des autres verrières n'est signée, mais celle de la Prédication de saint Jean-Baptiste, dans le collatéral nord, porte également la date 1872 sous la forme latine ("Anno Domini MDCCCLXXII") caractéristique des productions du verrier. Enfin, un registre de comptes de la maison Dagrand/t (AD Gironde, fonds Dagrant) signale à la date du 15 janvier 1878 le paiement de "2 vitraux personnages" (200 francs) et de "4 [surchargé en "6"] vitraux grisailles" (300 francs) destinés à l'église d'Aurice. L'interprétation de ces mentions est délicate, dans la mesure où la vitrerie actuelle de l'édifice comporte non pas une, mais deux séries de quatre verrières, l'une purement décorative (baies 3 à 6), l'autre à motifs symboliques sur fond de grisaille (baies 7 à 10), toutes dépourvues de marque et de date. Quant aux "2 verrières [à] personnages", leur identification est aussi malaisée, puisque l'église ne possède - hormis les trois vitraux historiés de 1872 déjà cités - qu'une seule autre verrière à personnage, celle de Saint Étienne (baie 12), offerte en hommage à son saint patron par Étienne Dehez (lequel donna aussi à la paroisse une croix de mission, un confessionnal, et deux livres cultuels, ainsi qu'une autre verrière de Dagrand à l'église Sainte-Eulalie de Saint-Sever en 1883). La parfaite identité des bordures des verrières symboliques des collatéraux et du vitrail de la Prédication de Jean-Baptiste conforte l’attribution à un seul et même praticien.
Comme souvent dans les productions de Dagrant, les représentations figurées sont inspirées d'estampes allemandes de l'École nazaréenne : les auditeurs assis au pied de saint Jean-Baptiste dans la scène de la prédication sont ainsi copiés d'après certains des assistants du Jésus parmi les docteurs, fresque de l'église Saint-Apollinaire de Remagen (Rhénanie-Palatinat) exécutée par le peintre Franz Ittenbach (1813-1879) et diffusée par une gravure de Johann Friedrich Vogel (1829-1895) éditée par Schulgen à Düsseldorf en 1856, estampe qui inspira également le peintre Léonard Fortuné à l'église voisine d'Eyres-Moncube.
Peintre-verrier né à Bordeaux (51, chemin du Sablonnat) le 15 septembre 1839 et mort dans la même ville le 21 septembre 1915 ; fils de Jean Dagrant, plâtrier, et de Jeanne Sallette ; marié à Bordeaux, le 3 octobre 1863, à Jeanne-Eugénie Chartier, sœur de Jean-Georges Chartier, peintre-verrier. Il en eut sept enfants, dont trois peintres-verriers qui lui succédèrent, Maurice (1870-1951), Charles (1876-1938) et Victor (1879-1925), et une fille qui épousa Albert Borel, son principal collaborateur. Né Pierre-Gustave Dagrant, le verrier changea son nom en Gustave-Pierre Dagrand entre 1864 et 1889, avant de reprendre, par jugement du tribunal de première instance de Bordeaux du 19 juillet 1889, son nom d'origine avec la graphie Dagrant. D'abord actif à Bayonne (où ses parents possédaient une propriété), il y fonde un premier atelier en 1864, puis crée en 1873-1874 un second atelier à Bordeaux (7, cours Saint-Jean, actuel cours de la Marne), ville où il s'installe définitivement par la suite.