Ces statues ont été découvertes vers 1985 dans les combles de l'église où elles étaient déposées depuis longtemps (l'inventaire de mars 1906 ne les mentionne pas). Elles proviennent très probablement des niches d'un retable non documenté. La présence des deux cofondateurs de l’Église au-dessus du maître-autel est de tradition, comme le montrent les nombreux exemples repérés en pays tarusate et dans la Chalosse voisine : citons les retables majeurs de Saint-Martin de Caupenne, Saint-Jean d'Aulès à Doazit, Saugnac-et-Cambran, Arsague (réf. IM40001540), Donzacq (réf. IM40001654) ou Nerbis, ou encore le couple d'apôtres de Goudosse. La statue de saint Pierre, prince des Apôtres, occupe habituellement la niche dextre du retable (place d'honneur).
Trois de ces ensembles, les apôtres d'Arsague, de Donzacq et de Nerbis, présentent de fortes ressemblances avec les statues du Leuy, tant par les caractères physiques des personnages (silhouettes longilignes et maigres, visages aux traits anguleux, nez droits à l'arête plate, barbe-fleuve des saint Paul, chevelures en grosses boucles relevées en coques, expressions forcées à la limite de la caricature) que par le traitement du drapé (conçu par grandes masses aux plis larges et simplifiés), le dynamisme des poses et la fébrilité "expressionniste" qui semble animer les corps. Parmi ces groupes apparentés, seules les statues de Nerbis, datées presque certainement de 1680, sont attribuées - il est vrai de manière assez fragile - au sculpteur Philippe Limosin, dit Berrichon. Or, celui-ci résidait à Tartas, chef-lieu de la vicomté à laquelle appartenait Le Leuy, distant d'une quinzaine de kilomètres. Ce faisceau d'indices permet d'avancer, à titre d'hypothèse, le nom de ce praticien pour l'exécution des statues leuyoises et une date voisine dans les décennies 1680-1700 (une datation au carbone 14 effectuée en 1987 a confirmé cette fourchette chronologique). Si cette hypothèse est exacte, le commanditaire pourrait en être le curé Pierre de Portets, documenté en 1688, docteur en théologie et personnage de quelque importance - son frère Louis était alors conseiller du roi au sénéchal de Saint-Sever.
"Maître sculpteur" à Tartas (Landes) dans la seconde moitié du XVIIe siècle, encore vivant en mai 1682 ; travaille en 1656 pour l'église Saint-Michel de Sabres et en 1679 pour l'église Saint-Pierre de Nerbis (retable). Marié à Marguerite Berns, il en eut au moins cinq enfants : 1) Paul Limosin (baptisé à Tartas le 29 mars 1660, filleul de Paul Ducamp, "avocat en la cour", et de Jeanne Labedade) ; 2) Cécile Limosin (baptisée à Tartas le 23 novembre 1661), mariée à Tartas, le 27 juillet 1681, avec Guillaume Saubanère, maître-cardeur, né à Tartas le 19 septembre 1654 (dont un fils, Philippe Saubanère, baptisé à Tartas le 29 mai 1682) ; 3) Magdelaine Limo(u)sin (baptisée à Tartas le 3 février 1666, filleule de Jean Broquères et de Marguerite Limousin ; encore vivante le 12 novembre 1701) ; 4) Marie (baptisée à Tartas le 12 août 1668, filleule de Guilhaume, maître-tailleur, et d’Étiennette Ducassou) ; 5) Roquette Limosin, peintre (elle fit partie de l'atelier de son père), mariée successivement à Jean Malichet (Ygos-Saint-Saturnin, 3 juin 1688) puis à Jean Lias (Ygos-Saint-Saturnin, 28 septembre 1693). Philippe Limosin est témoin en février 1677 au baptême de Marguerite Bernède, dont sa femme est la marraine. Il tient lui-même sur les fonts baptismaux avec sa fille Magdelaine, le 29 mai 1682, son petit-fils Philippe Saubanère (fils de Guillaume Saubanère et de sa fille Cécile Limosin).