Au 17e siècle, Louis de Larroque d'Eyquem (1595-1664), conseiller à la Cour des Aides de Bordeaux, est mentionné pour avoir restauré le chœur de l'église de Bayon. A sa mort, il est inhumé dans l'église de Bourg, tandis que son épouse Marguerite de Labrousse est enterrée "dans le presbitère et sanctuaire de nostre église" en 1686.
Leur fille, Anne d'Eyquem (1621-1692), est dite veuve en 1681 de feu noble Jean de Pommié, sieur de Lamothe. Elle possède la maison de noble de Bernescut "cy devant du Petit Tayac et à présent d'Eyquem". Elle est inhumée dans la chapelle Saint-Joseph de l'église de Bayon le 18 septembre 1692.
Louis de Larroque, seigneur de Lassalle d'Eyquem (1649-1707) est décrit "homme très pieux et très charitable pour l’église et pour les pauvres". C’est certainement lui qui fait restaurer l'église de Bayon en 1660. Il est marié à Catherine de Chassaing : leur fille Françoise de Larroque épouse Pierre François de Lassalle, marquis de Roquefort (contrat du 5 juin 1721, Me Lacoste à Bordeaux). A la mort de Françoise en 1759, sans descendance, l'inventaire de ses biens est dressé (4 novembre 1760). La maison noble des Eyquem est alors décrite : il s'agit d'un "grand bâtiment régulier composé au milieu d'un vestibule et pavillon au-dessus couvert d'ardoise" avec un "grand corps de logis attenant de chaque côté, dans chacun desquels corps de logis est un escalier en pierre, par lequel on monte dans les appartements qui communiquent tous les uns avec les autres". Pierre François de Lassalle de Roquefort est chargé de liquider la succession. Il meurt lui-même en 1767. Par testament (24 septembre 1767, Me Perrens), il répartit ses biens entre ses frères et sœurs et nomme héritier universel son frère Jean-Louis,écuyer, seigneur, baron de Castendet, conseiller au parlement de Bordeaux, et, à défaut le fils de celui-ci, Jean Martin (voir acte du 17 mai 1777, Me Morin à Bordeaux) ou encore si ces derniers meurent sans descendance son plus jeune frère François.
Le 18 juin 1840, la propriété est rachetée par Jean Viaud, marchand de pierres, à Jeanne Sophie de Lassalle, fille de Jean Martin de Lassalle et veuve de Armand Augustin Jean comte de Calvimont Saint-Martial.
D'après les augmentations et diminutions des matrices cadastrales, une maison est construite en 1852 sur la parcelle B30 (maison de gardien près du portail d'entrée nord-est?) pour le compte de Jean Viaud.
A partir des années 1850, Jean Viaud y produit 50 tonneaux de vin. Sa fille Marie Alexandrine Viaud hérite du domaine par donation partage du 13 mai 1865. Le 13 septembre 1857, elle avait épousé le docteur Pierre Henri Bichon. En 1874, ils y produisent 80 tonneaux. En 1893 puis 1898, la production s'élève à 130 tonneaux. En 1883, leur fille, Irène Bichon épouse Fernand Bonnefon. Au début du 20e siècle, alors que ce dernier est devenu maire de la commune, 200 tonneaux de vin rouge et 15 tonneaux de vin blanc y sont produits.
Des bâtiments figurent à cet emplacement, au lieu-dit Eyquem, sur le plan cadastral de 1820. La demeure a sans doute été remaniée à plusieurs époques. D'après la description de 1760, il s'agissait à l'origine d'une maison avec pavillon central et deux "corps de logis" de part et d'autre, qui correspondent peut-être aux extrémités traitées en léger avant-corps dont les angles sont soulignés par un bossage en table (17e siècle?). La partie centrale a probablement été augmentée d'un étage dans la 2e moitié du 18e siècle ; les fenêtres et la porte ont probablement été remaniées à cette époque. Les baies d'une même travée sont ainsi inscrites dans un encadrement continu formant ressaut jusque dans la corniche. Les deux ailes basses en retour, délimitant la cour d'entrée, datent également probablement du 18e siècle : elles sont décrites dans l'inventaire de 1760, l'une abritant "des offices, cuisine et dépence", l'autre "la fournière et un grand logement pour les valets et les manœuvres". Cette cour était fermée par un muret surmonté d'une clairevoie en bois et accessible par une allée depuis la route de Bourg à Bayon, au nord-ouest, dotée d'un portail.
Côté estuaire, deux autres ailes de dépendance abritaient des chambres et une chapelle. Elles délimitaient les parterres du jardin fermé par une balustrade. Puis en descendant un escalier, on accédait au jardin potager, "ledit jardin renfermé de muraille terminé par une seconde balustrade en pierre à hauteur d'apuy qui domine sur la rivière, aux deux coins et extrémités de laquelle sont deux petits pavillons couverts d'ardoises". Les dépendances étaient organisées autour de la cour dite de la ménagerie, au sud-est : écuries, remise, grange, greniers à foin, puits. Le chai était situé "au pied de la côte pratiqué sous le rocher et le cuvier, baty à neuf au devant", donc au bord de l'estuaire.
Le plan cadastral représente ainsi un long bâtiment en bordure de Gironde (parcelle n°24 : chay). La parcelle 26 accueillant les jardins semble être encore en partie conservée, et la disposition des bâtiments correspond à peu près à la description de 1860.
Les bâtiments viticoles ont été construits à la fin du 19e siècle, en 1893, si l'on se fie à la date inscrite sur le pignon nord-est du cuvier. Le domaine est alors détenu par Fernand Bonnefon, maire de la commune.
La demeure a été profondément endommagée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, puis restaurée à la fin du 20e siècle.
La route départementale qui passe au sud-ouest n'est aménagée qu'en 1965 : une partie du jardin est alors amputée. c'est à cette époque que la terrasse belvédère est construite et que la balustrade du jardin est donc également remaniée. Auparavant l'accès au domaine s'effectuait par la route reliant Bourg à Bayon, au nord-est.
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée depuis 2017.