Fondée à la fin du 10e siècle, l´abbaye est donnée au Saint-Siège vers 1032, par le seigneur de Chabanais Jourdain Ier. Gautier, fils d´un chevalier de Confolens et chanoine régulier au Dorat, prend la direction de l´abbaye quelques années plus tard et y introduit la règle de Saint-Augustin.
L´abbé Gautier étant absent, l´abbaye est dévastée en 1040 lors de luttes entre le seigneur de Chabanais Jourdain II, qui refusait de reconnaître la donation faite par son père, et le comte de la Marche.
À son retour l´abbé Gautier entreprend de la restaurer et le comte de la Marche excommunié doit, en expiation, pourvoir aux frais de réparation de l´abbaye. La dédicace de la nouvelle église est célébrée en 1070, peu après la mort de l´abbé Gautier qui est enterré dans l´église puis canonisé en 1073.
À cette époque la nef et les quatre premiers niveaux du clocher sont probablement achevés. Le dernier niveau du clocher-porche pourrait dater de la fin du 11e siècle. Les travaux d´agrandissement de l´église ont souvent été attribués à Ranulfe, qui a été abbé durant une trentaine d´années et est enterré à l´intérieur de l´église. Son épitaphe, gravée sur une pierre, est située dans le mur nord de l´église actuelle.
Les dates de début et de fin de construction du chevet ne sont pas connues. Les documents décrivant l´édifice se contredisent, il s´agit de deux plans et de deux gravures.
Le plan établi par Paul Abadie lors des restaurations de 1848 décrit un édifice comportant un transept peu saillant recevant des absidioles, et un déambulatoire à trois chapelles rayonnantes.
Le second plan, publié par Valentin de Courcel en 1912 et dessiné par l´abbé Bourdier alors que les fondations du chevet étaient encore visibles, montre une église plus grande de deux travées à l´est. Le transept est saillant, un couloir est aménagé dans l´épaisseur de ses murs nord et sud et deux escaliers à vis sont situés aux extrémités nord-est et sud-est. Enfin, le déambulatoire présente cinq chapelles rayonnantes.
Sur la gravure de Léo Drouyn, datant de 1847, le chevet est détruit. Seuls subsistent le mur correspondant aux deux travées orientales de la nef et les parties basses des murs sud-ouest et sud du transept. Le mur sud présente une galerie ouvrant sur le chœur par trois baies en plein cintre. La nef et le transept sont séparés par une porte couverte en arc brisé. À la croisée du transept se dresse une pile à colonnes engagées surmontées de chapiteaux et d´un départ de voûte.
Une gravure du 17e siècle présente l´ensemble de l´abbaye en élévation. La nef du 11e siècle y est prolongée à l´est par une travée et le départ d´une seconde délimitée par un contrefort plus massif que ceux de l´église romane. Le transept est très large et très saillant, avec un collatéral plus bas vers l´est sur lequel s´ouvre une absidiole au nord comme au sud. Dans l´angle sud-est du transept sud se trouve une tour carrée, qui a son pendant au nord-est ; il peut s´agir d´escaliers semi hors-œuvre. Le mur sud du bras sud est percé d´une fenêtre à réseau couverte en arc brisé. À la croisée s´élève un clocher de plan octogonal couvert d´une flèche. Les absidioles (trois sont visibles sur la gravure) s´ouvrent sur le déambulatoire qui est beaucoup plus bas que le chœur.
Les seuls vestiges en place de la partie orientale sont le mur sud des deux travées rajoutées de la nef et le mur sud du transept couronné par une coursière éclairée par trois baies en plein cintre conservée encore aujourd'hui. On devait y accéder par la tour d´angle carrée dont il reste des vestiges dans les bâtiments actuels. Il reste également des vestiges du mur sud des travées rajoutées ainsi que des éléments d´architecture conservés dans l´église ou en remploi chez des particuliers de la commune et des communes alentours.
L´étude des plans et gravure et des vestiges du chevet semble donc indiquer que l´édifice comportait un déambulatoire à trois ou cinq chapelles rayonnantes. Chaque bras du transept présentait un collatéral ouvrant sur une absidiole. Le style des chapiteaux et la présence de clés de voûte ornées semble indiquer que la construction du chevet date de la fin du 12e siècle ou du début du 13e siècle.
Les baies à réseau pourraient dater du 14e siècle. Lors de la guerre de Cent-Ans, l´abbaye est assiégée par le Prince Noir, le 14 août 1356. Elle capitule mais les habitants sont épargnés. L´abbé Bertrand de Montibus fait rédiger un terrier en 1473.
En 1568 les protestants pillent l´église et les bâtiments monastiques. L´abbaye demeure en ruines jusqu'à l´administration de Charles-François de la Vieuville, évêque de Rennes et abbé de Saint-Laumer de Blois, abbé commanditaire de Lesterps de 1657 à 1676. Il y introduit les chanoines réguliers de la congrégation de Sainte-Geneviève et fait restaurer l´église à partir de 1660 : reprise en sous-œuvre d´une pile de la croisée, consolidation des voûtes du chœur, dallage, enduit sur toutes les voûtes, peinture à faux-joints sur les murs et piliers, nouveau mobilier (notamment des stalles signalées dans un inventaire de 1791).
L´édification des bâtiments monastiques, à l´emplacement d´anciennes constructions, a débuté vers 1660 (en bleu sur le plan). Au sud est construit le logis de l´abbé commanditaire, dont subsiste la porte du bâtiment sud donnant sur le cloître (en jaune sur le plan), avec un blason qui aurait porté les armes d´un abbé. À l´est est élevé un bâtiment à l´usage des chanoines. Une porte au rez-de-chaussée, visible sur la gravure de Léo Drouyn, communiquait avec l´église abbatiale. Le bâtiment ouest comprenait un réfectoire, des dortoirs et des greniers. Le cloître est également reconstruit. Au début du 18e siècle, le logis abbatial revient aux religieux. À partir de 1775, le bâtiment oriental en ruine est remplacé par un nouveau bâtiment de deux étages.
L´église paroissiale étant en mauvais état en 1738, elle est interdite et le culte est célébré un temps dans l´église de Saint-Quentin puis dans la chapelle de l´Image.
En 1803, lors de la reprise de l´activité paroissiale, le culte est transféré dans le chevet gothique, puis dans la nef ancienne. Le 17 février 1815 le chevet s´écroula entraînant dans sa chute la supérieure du mur de la nef. Dans une lettre à l´évêque, du 22 mai 1822, le curé relata l´effondrement : " la principale église [est] venue à crouler par masses si énormes, avec un fracas si horrible, que toute la ville en a été ébranlée ". Des travaux de restauration sont alors entrepris, en plusieurs phases au 19e siècle (voir annexe 4). Les plus importants sont réalisés par l´architecte Paul Abadie, de 1851 à 1884, après une étude préalable de 1848 : reprise complète de la façade nord, avec ses contreforts et les ébrasements de ses fenêtres, réfection du clocher, surhaussement et couronnement de la tourelle nord, surélévation des façades extérieures du vaisseau central au-dessus des collatéraux, reconstruction complète de la tourelle d´escalier sud, démolition et restitution de la tribune et du berceau qui la recouvrait, construction d´une abside semi-circulaire. L´effondrement d´une partie de la charpente et de la voûte en 1879 a nécessité le remplacement des deux derniers berceaux du vaisseau central et du troisième pilier nord, après le classement de l´église comme monument historique en 1862.
Un inventaire des biens de l´abbaye est dressé en 1789 (en annexe) et leur vente a lieu entre 1791 et 1793, excepté le bâtiment oriental qui revient au curé avec un jardin. Le corps de logis en retour d´équerre est divisé en deux parties. Le second étage du bâtiment oriental est supprimé en 1825 et il reçoit un décor intérieur, encore présent dans plusieurs pièces dont les deux occupées par la mairie. Le bâtiment ouest servait de communs au 18e siècle et a été démoli en 1901. Des traces d´arrachement sur le bâtiment sud et la présence d´une cave en donnent aujourd'hui la position. Entre ce bâtiment et le clocher-porche se trouvait une porte aujourd'hui détruite. Le presbytère a été restauré dans la première moitié du 19e siècle (détail des travaux en annexe). En 1902, les travaux de démolition des cloîtres qui se trouvaient dans la cour du presbytère sont effectués par Firmin Bouzage, entrepreneur à Brigueuil, sous la surveillance de Foucher, architecte. En 1911, des travaux de réparation de la mairie sont réalisés par Camille Bérigaud, entrepreneur à Chabanais, sous la conduite d´Eugène Foucher, architecte à Confolens.
En 1845, une école et une halle (en vert sur le plan) doivent être construits à l´emplacement de l´ancien chevet. Le 18 juillet 1850, un constat de l´état d´avancement de ces travaux est dressé et un cinquième acompte est versé à François Morichon, entrepreneur. En mai 1851, le maire transmet au préfet des devis pour la construction de la halle et les travaux de la " maison d´école ". Les deux sont terminés en 1855. En 1882 est formulée une demande d´extension du logement de l´instituteur et les classes sont agrandies. Les travaux à exécuter à l´école de garçons sont adjugés en mai 1883. Des réparations à l´école des garçons et à la maison de l'instituteur sont payés en 1899 à M. Patrit Émilien, entrepreneur de travaux publics à Confolens. En 1938, le maire est mis en demeure par le préfet, sur rapport de l´inspecteur d´académie, de créer une troisième classe de garçons, les deux classes pour 95 élèves n´étant pas suffisantes.
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire