Cet abattoir dédié à la Marine est construit dans la prairie de la vieille forme, non loin du chenal du port marchand, et mis en service en 1782. Auparavant, l'abattage des animaux et la préparation des salaisons se faisaient dans l'aile ouest du magasin aux vivres, à proximité de l'hôpital. C'est pour éviter ce voisinage et pour des questions de salubrité qu'un établissement est construit au bord de la Charente.
Sur le plan de Rochefort dressé en 1785 par l'ingénieur Toufaire apparaît la mention "nouvelle tuerie des vivres : parcs aux boeufs, aux cochons et salaisons". L'aménagement des alentours de cet établissement n'est mentionné qu'en tant que projet : un emplacement à céder au commerce, un dépôt de bois pour le service des vivres et une place. L'établissement comprend une tuerie, des étables, des ateliers et des magasins nécessaires à la confection de salaisons.
Cet établissement fait partie des premiers abattoirs publics, conçus de manière rationnelle, où le bétail est tué et apprêté. A la même époque, des établissements similaires sont édifiés à Blois, Grenoble et Paris. L'élément qui caractérise ces quelques établissements, bâtis entre 1780 et 1810, est leur halle centrale d'abattage, facile à nettoyer, où tous les bouchers peuvent travailler dans de bonnes conditions sanitaires et sous surveillance. En 1906, J. de Loverdo, ingénieur sanitaire, dans son étude sur l'organisation des abattoirs, déplore que ces exemples n'aient pas été suivis par les constructeurs du 19e siècle.
Rochefort a longtemps bénéficié du monopole de la fabrication de la viande de boeuf en conserves pour la marine, jusqu'à ce que celle-ci soit concurrencée par des produits étrangers. L'établissement de Rochefort est contraint de fermer au début des années 1890. Mais une loi votée en 1896 oblige la marine à employer uniquement de la viande de bovins élevés en France, et la conserverie est rouverte, exploitée par une société privée pour le compte de la marine.
Après la Première Guerre mondiale, l'établissement est acquis par un entreprise privée de commerce et de transformation de viande. Des bâtiments, situés à l'est et au nord, sont détruits dans les années 1970. Le site est repris par la Ville dans les années 1980 pour abriter des services municipaux.